mardi 2 février 2010

15 Enclave sidérale

La terre des hommes, le soleil et la lune
Notre monde visible, la terre des hommes est enclavé dans un univers sidéral. Seule une vision élargie de « celui qui sait décrypter les symboles débouchera sur les ébauches d’une nouvelle civilisation, entraînant les hommes par cycles concentriques, vers un monde dans lequel s’exercera la seule véritable fraternité, celle basée sur l’amour issu de la compréhension des lois de la vie. La lune génératrice de cette notion du temps, constitue le repère.
C’est ainsi que le premier jour de son apparition est consacré à l’ordination de la vie, le baptême lunaire : la perception du premier croissant lunaire est la première représentation consciente du temps qui s’écoule le long de la vie.
Serein, le maître du grand œuvre arrivé au seuil des labeurs montre le chemin. « Dada Sêgbo Lissa », l’âme suprême du monde, conduit les rituels de l’initiation. Voici le soleil qui rayonne sur la terre le jour et la Lune qui diffuse sa lumière la nuit. L’union sexuée du soleil et de la lune marque le départ du cosmos, comme celui de son retour à l’origine.
Les marches sont là. Il faut oser les monter.

Enclave sidérale
Huile sur toile – 1996 – Haut. 97 cm x larg. 130 cm
©ADAGP/THOMAS KOUNDE

L’immersion en territoire vodou : Ouidah
La république du Bénin est lieu où se manifeste l’esprit de la création, plus particulièrement une ville du bord de l’océan atlantique, aux milles cérémonies colorées vodous, ville des secrets initiatiques à la terre battue d’argile rouge. La ville de Ouidah où je suis venu au monde et les années soixante de ma tendre enfance. L’histoire de la création vodou est traversée par celle de la traite négrière et le déracinement a été un moteur important, très déterminant pour conserver en un seul « tout » et éviter le morcellement de la culture Vodou.
Assurer à tout prix, la transmission de la philosophie inter générationnelle de la vie en était l’orientation primordiale.
L’univers culturel animiste et son panthéon Vodou, le « Fa » sa géomancie, sa mythologie et ses légendes régissant le rapport de l’homme noir à la nature et aux quatre éléments créateurs : la terre, l’eau, le feu et l’air, son rapport à la fusion de la matière et de l’esprit, au sacré, au divin ou à l’universel sur un fond de la traite des esclaves. Tout ce qui a marqué ma conscience comme on marque le bétail au fer rouge: « Le chemin du non retour » le souvenir des esclaves noirs, les femmes et les hommes arrachés à leur famille, enchaînés comme du bétail, et débarqués des cales au nouveau monde.
La ville qui m’a vu naître, porte en elle, les stigmates du déracinement. La plage de Ouidah a été le centre névralgique d’un grand commerce où déracinement rythme avec quête d’identité forte. C’est une relation de cause à effet. Les différents cultes avant le grand départ des esclaves, étaient destinés à préserver l’âme de l’esclave déraciné. C’est peut être ce qui détermine mon itinéraire et ma quête de l’identité noire.
L’homme déraciné s’éveille du côté de l’invention où se trouve toute l’alchimie qui par un effet de marquage, d’éveil à la conscience de son identité noire, ouvre le chemin qui donne sur tout le rituel qui consiste désormais à inscrire dans sa mémoire les différentes codifications. Graver les règles qui définissent le rapport de l’homme à la nature, au divin et au sacré. Faire corps avec les cultes des ancêtres en les apportant avec soi dans le nouveau monde.

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