mardi 2 février 2010

26 La Transfiguration

La mort
C’est une métamorphose, la naissance de l’idée éternelle d’une périssable créature qui se dégage enfin de la chrysalide humaine que cache le masque de la mort. C’est elle qui communique à ce masque cette rigidité pure, ce dédain, ce refus de communication, cette solennité étrange, c’est ici un parti pris d’abstraction qui supprime presque toute apparence humaine. La tête devient un simple ovale.
La mort, c’est un masque absolu, avec dans le regard ce refus de laisser pénétrer, d’aller plus loin, derrière lequel semble t’il, s’étend, invisible comme l’air bleu, un royaume de pure beauté.
L’énigme de la vie parle des trois moments de la vie de l’homme : son enfance, sa jeunesse, sa vieillesse. L’énigme de la mort se pose en ces termes : « Qui sont les deux sœurs dont l’une avale l’autre et lui donne de nouveau naissance ? »
L’énigme de la mort s’inscrit dans un registre binaire et cyclique du retour identique du même. L’engendrement réciproque se répète avec des séquences que l’on peut découper : la nuit engendre le jour et le jour engendre la nuit. De même que la vie engendre la mort, la mort engendre la vie.

La Transfiguration
Huile sur toile – 2008 – Haut. 81 cm x larg. 65 cm
©ADAGP/THOMAS KOUNDE

Dans la tradition vodou la naissance, la maturité et la vieillesse représentent le parcours initiatique de la vie. C’est ce que le sage appelle « la conquête de la pierre du soir » la pierre qui porte le signe du soleil : la vieillesse couronnée.
Pour y parvenir l’espèce humaine doit aller à la rencontre de son ombre, entreprendre une véritable quête et emprunter un labyrinthe jonché d’épreuves. Voici le chemin de vie, la Préparation délicate de la première matière, l’accomplissement royal unissant l’esprit et la matière du vivant. Pour l’Initié, c’est le soleil du salut, (être dans un état d'exaltation mentale) un chemin de vie ou un voyage symbolique.
Prenons le temps de méditer les propos de La Bruyère : « Pensez constamment à la mort, mais ne la redoutez pas, elle n’effraye que le coupable. Elle n’arrive qu’une fois et elle se fait sentir à tous les instants de la vie.
Il est plus dur de l’appréhender que de la souffrir. L’inquiétude, la crainte, l’abattement ne peuvent l’éloigner ; car au contraire, ils peuvent la hâter. »
Le cheminement de l’œuvre est une célébration, où la pensée ne divorce pas de l’action. Les cloches de l’engendrement réciproque se sont mises à sonner, ce n’est pas l’heure du jugement dernier; mais la voix de la conscience qui sonne le glas, la voix du silence intérieur qui annonce l’échec d’une vie.

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