mardi 2 février 2010

31 Une nouvelle objectivité

Une nouvelle objectivité dans l’art consiste à équilibrer objectivité et subjectivité. Selon Goethe, c’est l’interaction des deux qui est admirable. Afin de réussir vraiment, écrit-il, il faut que « l’artiste sache pénétrer au fond des objets, ainsi qu’au fond de son âme propre».
S’il existe une contribution de l’art africain au concept de la création et de l’esthétique, au sentiment que fait naître la beauté, il s’agit bien de la subjectivité. Cette capacité de pénétrer au fond des objets et la transe qui s’en suit où le sujet ému et l’objet émouvant se trouvent dans une synthèse indissoluble qui est acte d’amour.
C’est surtout dans la possibilité de fusion des opposés, de l’équilibre de l’objectivité et de la subjectivité, de la raison et de l’émotion. C’est ici un clin d’œil au poète disparu Léopold Senghor, l’un des pères de la négritude. « la raison est hellène et l’émotion est nègre. » La rationalité provient de la civilisation de l’écriture (de la Grèce ancienne) et l’émotion de l’homme primitif en terme de premier, initial, originel, fondamental, homme dont l’instinct et la sensibilité sont profondément ancrés dans les chromosomes.
Pour Senghor, l’émotion sous un aspect premier est une chute de la conscience et un processus d’ascension à un degré supérieur de conscience. C’est le cheminement qui conduit à l’acquisition de l’ensemble des facultés permettant de concevoir le monde et de le comprendre.
Pour les initiés vodou, l'adaptation au monde procède par le rythme vibratoire cosmique, comme l’esprit de la création qui prend possession du corps du créateur et dirige l’œuvre de la création. C’est ce que j’appelle volontier, l’incarnation du plaisir du créateur.
La nouvelle objectivité ne doit pas nous faire oublier la critique de la subjectivité concernant l’opposition entre l’individuel et le social ou le collectif. Il ne s’agit pas de sombrer dans l’indifférence à ses proches ni de vivre dans l’illusion de l’autosuffisance. Pour l’initié vodou, Il s’agit de faire un véritable effort pour soumettre son soi à la société et à la cause commune. L’homme est inconcevable isolément. Dès qu’il apparaît au monde, il est pris dans le dialogue des voix qui l’entourent, celles de ses prédécesseurs et celles de ses contemporains.

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